Histoire d’une Aventure…
Nos personnages sont Véronique Riche, institutrice férue de sport et de montagne, et Jérôme Fouvet, gardien de refuges d’altitude l’été, moniteur de ski l’hiver. Ajoutons environ un milliard d’abeilles au tableau. Le décor vaut à lui seul un bouquin : le col du Lautaret, en bordure du massif des Ecrins, avec son pote le col du Galibier. Ils ont défrayé la chronique à partir de 1911, année à laquelle les cyclistes du Tour de France commencent à suer sur ces chemins d’altitude.

C’est dans cette région, notamment au mythique refuge de l’Aigle, que Jérôme, petit montagnard chevelu, est gardien entre 1998 et 2006. Véronique l’institutrice, elle, enseigne dans l’Isère. On va passer les détails de leur rencontre, n’étant pas ici pour s’intéresser à leur vie privée…
Peu de temps après leur rencontre, Véro a quitté son job et Jérôme aussi pour se retrouver, suite à un partage familial, à la tête d’un empire de deux cent ruches, un million d’abeilles mignonnes et travailleuses. Dans la famille de Véronique, on est apiculteurs passionnés, producteurs raffinés, de père en fils. Ayant grandi dans les abeilles, elle connaît son sujet, et sait en parler. Jérôme découvre.

On prend goût au métier, on apprend. Nos héros ont entre 28 et 32 ans, juste assez jeunes pour savoir rebondir en souplesse, et encore assez verts pour apprendre un nouveau métier avec enthousiasme. Les abeilles mises en hibernation, reste à trouver un local pour la production. Après de vaines recherches, le couple finit par se faire prêter un vieux garage à bus par la commune de Villar-d’Arêne.

Laissons ici Wikipedia nous faire une petit cours d’histoire : « Le 11 août 1944, une colonne de soldats allemands du IIIe Reich, en retraite entre Briançon et Grenoble, rafle sur son trajet 17 hommes de la vallée (alors que ceux-ci étaient occupés à faire les foins dans les prés le long de la route). En représailles des attaques des FFI (forces françaises de l’intérieur) subies, la colonne s’arrête et fusille ces 17 otage après leur avoir fait creuser leurs tombes. Puis elle incendie l’hôtel PLM, pénètre dans l’institut botanique et vole des objets, avant de continuer sa route vers l’Isère, emmenant avec elle en otage tous les hommes de Villar-d’Arêne… »
Le local prêté par la commune est en fait le garage pour les autocars de l’hôtel brûlé, au dessus duquel se trouvait la lingerie de l’hôtel et les logement pour son personnel. Il a été épargné lors de l’incendie de l’hôtel, mais tout son étage supérieur a brûlé a son tour dans les années quatre-vingts, accidentellement cette fois.

Page d’histoire fermée. Véro et Jérôme construisent une sorte de boîte en placo de 30m2 à l’intérieur de ce garage, qui lui, date du début du 20e siècle. Durant trois ans ils fabriqueront dans ce local improvisé pain d’épices et autres produits à base de miel, qui seront vendus sur le col en été et sur les marchés en hiver. La route menant au garage-labo est noyée sous des mètres de neige l’hiver. De nos jours encore, la route n’atteint pas ce coin cinq mois par année. Une luge lourde, rustique mais efficace, fabriquée à partir de vieux skis et de bois, sera utilisée en hiver pour descendre, par chargements de 86kg, la production de pain d’épices à vendre au marché de Noël de Chambéry.

Nos apiculteurs-producteurs font leur bonhomme de chemin, vendent pendant des années leur marchandise à partir d’une remorque ouverte à tous vents parquée sur le col. Puis en 2010 ils sautent sur l’opportunité d’acheter le bâtiment. Amélioration non négligeable: une petite chenillette, récupérée dans un fossé et restaurée, remplace la vieille et lourde luge en bois.

Suivent quelques années frénétiques durant lesquelles on construit un vrai labo et une maison en dessus de celui-ci. On fabrique au printemps les produits que vous connaissez pour les vendre l’été tout en travaillant sur le chantier. On fait aussi grandir deux gamins, nés en 2008 et 2009. Et on va aux abeilles, qui, elles au moins, bénéficient d’une trêve l’hiver. Le chantier terminé, une boutique, attentante au labo est inaugurée.
En 2016 le couple récupère un petit chalet sur le pignon du Café de la Ferme, au bord de la route, sur le col. Cet ancien petit commerce de saucisson et de fromage se transforme en mignon petit point de vente, ouvert uniquement l’été.

En 2021 Jérôme dit au-revoir aux abeilles, un apiculteur du coin récupère les emplacements des ruchers et fournit à l’Atelier du Lautaret le miel, toujours le même miel. Là-haut, il va être transformé en tout ce que vous trouvez comme bonnes choses sur les étalages et sur ce site. Le frère de Véronique, toujours apiculteur, fournit de son bon miel également.

Avec l’aide saisonnière de deux charmantes employées que vous pouvez voir derrière le comptoir au col ou à la boutique l’été, Véro et Jérôme se consacrent désormais entièrement à l’élaboration et la fabrication des produits dérivés du miel.

texte: Benjamin Ruffieux
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